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Fêtes publiques à l'occasion du Sacre et du Couronnement de l'Empereur.

Distribution des aigles au Champ de Mars. Discours de l'empereur en cette circonstance. Ballon lancé par la ville de Paris, descendu en 22 heures au lac de Bracciano, près de Rome.Dispute entre M. le marquis de Torlonia et le duc de Mondragone au sujet de ce ballon. La ville de Paris le réclame. L'empereur désire qu'il soit conservé à Rome. Munificence de l'empereur envers tous ceux qui avaient assisté à la cérémonie du sacre. Son discours au Corps législatif. - L'auteur officiel de l'exposé de la situation de l'empire au sujet du sacre de l'empereur.

Les fêtes à l'occasion du couronnement de l'empereur, durèrent quinze jours.

Le 3 Décembre, second jour des fêtes, avait lieu la distribution des aigles qui devaient surmonter les drapeaux de l'empire. Cette cérémonie, aussi noblement ordonnée que la précédente, eut le Champ de Mars pour théâtre. Les représentants de tous les corps vinrent recevoir les aigles qui leur étaient destinées, au pied d'un trône magnifique, élevé devant le palais de l'Ecole militaire. «Soldats », leur dit l'empereur, « voilà vos drapeaux, ces << aigles qui vous serviront de point de ralliement; ils seront par<< tout où votre empereur les jugera nécessaires pour la défense << de son trône et de son peuple... - Jurez de sacrifier votre vie « pour les défendre, et de les maintenir constamment par votre << courage sur le chemin de la victoire ». Les soldats jurèrent et tinrent leur serment (1).

(1) Moniteur, no 73. Consalvi représente cet acte comme un second couronnement fait au mépris du Pape, et n'hésite pas à déclarer pour cela Napoléon parjure; voici ses paroles : « Je ne parlerai pas non plus du second couronnement, qui eut lieu sur le Champ de Mars, contrairement à la parole jurée ». Mémoires, tom. II, pag. 404.

Le même jour il y eut un banquet aux Tuileries, où l'on vit l'empereur et le Pape assis à table, à côté l'un de l'autre, et servis par les grands officiers de la couronne.

Le 16 Décembre, troisième dimanche de l'Avent, clôture des fêtes, la ville de Paris avait fait lancer, vers sept heures du soir, par le célèbre aéronaute M. Garnerin, un ballon d'une très-grande hauteur et dimension, qui, à la faveur des vents très-forts, fut porté vers la Méditerranée, et alla s'abattre dans le lac de Bracciano, à huit lieues de Rome, sur le rivage d'Anguillara. M. le duc de Mondragone, seigneur de cette terre, informa Consalvi de cet événement qui avait jeté l'épouvante parmi cette population agricole, par le rapport suivant daté du 18 Décembre (1).

<< Hier soir, 17 Décembre, vers la vingt-quatrième heure (cinq heures du soir), on vit paraître dans les airs un globe d'une grandeur démesurée. Il tomba sur le lac Bracciano, où il ressemblait à une maison flottante. Des bateliers furent envoyés dans la nuit pour s'en saisir et pour le tirer à terre, mais alors quelques altercations entre eux en empêchèrent. Ce matin, ils y sont retournés de bonne heure, et au moyen d'une barque, ils l'ont conduit sur la rive. Le globe est de taffetas gommé et environné d'un filet. La galerie qui est en fil de fer s'est un peu brisée. Elle paraît avoir été illuminée, et il y avait encore des lampions.

« On a trouvé attaché au globe, l'avis suivant écrit en français Le ballon porteur de cette lettre a été lancé à Paris, le 25 frimaire au soir, par M. Garnerin, aéronaute privilégié de Sa Majesté l'empereur de Russie, et ordinaire du gouvernement français, à l'occasion de la fète donnée par la ville de Paris à Sa Majesté l'empereur Napoléon. Les personnes qui trouveront ce ballon, sont priées d'en avoir soin, et d'informer M. Garnerin du lieu où il descendra. Il se transportera où le ballon sera tombé, s'il est nécessaire ».

(1) Artaud, Vie de Pie VII, tom. 1, pag. 513.

Il y a de l'inexactitude dans ce récit. Ce ne furent pas les altercations survenues entre les bateliers qui empêchèrent de tirer le ballon à terre, mais de grandes pluies mêlées de neige, et poussées par des vents très-forts. Il y eut pourtant des altercations entre les bateliers. Le ballon étant d'abord descendu vers quatre heures et trois quarts, dans l'après-midi, à la tombée du jour, sur la partie du rivage du lac, qui appartenait au territoire de Bracciano, et dont M. le marquis de Torlonia était seigneur, fut porté ensuite par les vents du côté d'Anguillara. Les bateliers du marquis de Torlonia et du duc de Mondragone accoururent à ce spectacle et se disputèrent le ballon. Les bateliers du duc étant armés de fusils, eurent le dessus. Le duc s'était même servi d'un petit stratagème, en faisant répandre le bruit que c'était lui qui avait fait lancer ce ballon du haut de son château d'Anguillara, afin de calmer ainsi les rixes des bateliers et de s'assurer la propriété du ballon. Le marquis de Torlonia, irrité de cette conduite du duc, lui intenta un procès pour revendiquer son droit légitime sur ce ballon. Consalvi s'empressa d'accommoder ce différend et fit venir le ballon à Rome, où on l'exposa pendant plusieurs mois, dans une salle du Vatican, à la curiosité des Romains et des étrangers. Il informa en même temps, par le cardinal Caprara, M. Garnerin de cet événement. Celui-ci fut au comble de la joie, et pria le cardinal Consalvi de vouloir bien conserver ce ballon avec les précautions nécessaires; il l'informa aussi qu'il irait probablement à Rome à l'automne prochain, pour y faire aussi une ascension, si Sa Sainteté le permettait.

<< Eminence,

Paris, 4 Janvier 1805.

« M3 le cardinal-légat Caprara, a eu la bonté de me faire parvenir copie de la lettre et de la dépêche que vous l'avez prié de me communiquer, pour m'informer que le ballon que j'ai lancé à Paris, le jour que l'empereur des Français s'est rendu à l'hôtel de ville dudit Paris, est venu tomber aux envi

rons de Rome. J'ai l'honneur de vous remercier, Monseigneur, de l'intérêt que vous avez pris à cet événement. Comme j'étais loin de soupçonner que ce ballon irait tomber à une si grande distance, je dois m'empresser de compléter l'avis que portait le ballon, afin de prévenir les accidents qui pourraient résulter de son séjour. La précaution consiste simplement à faire étendre ce ballon dans une chambre ou un grenier. Si on le laissait en masse, il arriverait que le vernis liquide qui le couvre, pourrait occasionner une fermentation assez grande, dans la suite, pour donner lieu à un incendie, mais la précaution de l'étendre suffit pour ôter toute espèce d'inquiétude. Je prie Votre Eminence de faire parvenir cet avis aux personnes qui ont mon ballon entre leurs mains.

<< J'ai témoigné au cardinal Caprara le désir d'aller faire une de mes ascensions à Rome, si Sa Sainteté daigne me le permettre. Si j'obtiens cette faveur, je me rendrai à Rome, vers l'automne prochain, et alors je pourrai avoir l'honneur de témoigner, de vive voix, ma reconnaissance à Votre Eminence, comme j'ai ici, Monseigneur le cardinal, celui de vous assurer de mon profond respect ».

GARNERIN.

La ville de Paris montra le plus grand empressement à posséder ce ballon, et chargea M. Garnerin de le faire venir à Paris, et de distribuer aux bateliers du duc de Mondragone, une récompense de trente napoléons d'or. Voici cette lettre, écrite au nom de la ville de Paris, au cardinal Consalvi:

Paris, 16 Mars 1805.

<< Eminence,

D'après le compte que j'ai rendu aux magistrats de la ville de Paris, des divers avis que vous avez bien voulu me donner, ainsi que Msr le cardinal Caprara, qui constate que le ballon impérial que j'ai lancé à Paris, le 25 frimaire dernier, à l'occasion de la fête donnée par cette ville à Leurs Majestés

impériales et leur auguste famille, est descendu aux environs de Rome, tandis que le Saint-Père, présent à Paris, venait de donner l'onction sacrée à l'empereur et à l'impératrice des Français; cette capitale célèbre a pris le plus grand intérêt à cet événement extraordinaire, en considérant l'importance de la cérémonie qui y a donné lieu. En conséquence, la ville de Paris désire que ce ballon soit déposé dans ses archives, et elle me fait l'honneur infiniment distingué et glorieux pour moi, d'ajouter que c'est autant pour servir de monument à cette pompe solennelle, que pour rappeler mes succès. La ville de Paris me fait encore l'honneur de me charger d'une mission très-agréable, qui embrasse plusieurs objets. Le premier, c'est d'avoir l'honneur de vous remercier en son nom, Monseigneur le Cardinal, de l'intérêt que vous avez apporté à la singularité de cette espèce de phénomène, et des ordres que vous avez donnés à ce sujet; elle me charge d'exprimer les mêmes sentiments de reconnaissance à Me Caprara, ainsi qu'à M. le duc de Mondragone. Le second objet, c'est de faire tenir une gratification de trente napoléons d'or, aux bateliers qui ont retiré le ballon impérial de-dessus le lac Bracciano; elle désire que cette gratification leur soit distribuée en son nom. Je remets la somme à Me Caprara, et j'ai l'honneur de prier Votre Eminence de faire donner des ordres pour qu'elle soit distribuée suivant le vœu de la ville de Paris.

<< Enfin le troisième objet, c'est de vous inviter à donner l'ordre, que le ballon impérial avec son filet, soient enveloppés avec soin et encaissés pour m'être adressés à Paris, rue Plumet, près l'hôtel du cardinal Caprara, en me faisant tenir état des dépenses qui auront été faites, et que je suis chargé d'acquitter.

<< Il faudra soustraire du filet un cercle de bois, recouvert avec du ruban de fil; on l'ôtera facilement, en le faisant scier en plusieurs parties, et on le jettera à l'écart. Quant aux débris de la couronne, comme ils ne pourraient que nuire au ballon, il est à souhaiter qu'ils soient conservés jusqu'à l'époque du

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