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encore davantage par la tendance de tous les esprits vers un système qui offre plus de repos à la conscience et plus de consolation au malheur. Tout, jusqu'à l'oubli de ces principes pendant dix ans, contribue à en faire mieux sentir la nécessité, et la génération même qui s'en était écartée, désire que celle qui doit la suivre s'y attache plus étroitement et plus franchement.

« Sa Sainteté ne doit pas négliger de profiter par sa présence de tous les avantages que lui ont donnés en France les vicissitudes auxquelles ce pays a été réduit, et la douloureuse expérience qui en est résultée. Plus les partis ont été divisés, plus ils sentent le besoin de se réunir. Rien ne peut, autant que les idées religieuses, consacrer leur réconciliation, et rien ne peut donner à ces idées autant de force et d'efficacité que la présence du Saint-Père.

<< La France est pour lui un pays nouvellement reconquis. Son influence personnelle y affermira mieux les principes religieux qui dirigent sa conduite et que la pureté de sa vie ne peut que faire aimer davantage.

« L'époque où Sa Majesté l'empereur désire que Sa Sainteté vienne en France est celle à laquelle se lient les plus grands souvenirs, et que toute l'Europe aime le mieux à se rappeler, parce que le 18 brumaire commença pour la France un système d'ordre et de repos, et pour les autres nations un état de sécurité. Cette époque tombe d'ailleurs dans une saison avancée, où le voyage de Sa Sainteté aura pour elle moins de fatigue, et où elle aura moins à craindre un déplacement.

«Je prie Votre Eminence d'insister sur les démarches qu'elle a déjà faites pour décider Sa Sainteté à un voyage que Sa Majesté désire, autant par une suite de son respect filial envers le Saint-Siége, que parce qu'elle prévoit les avantages qui doivent en résulter pour le bien de la religion, dont elle a rétabli les autels, et pour l'affermissement de l'autorité légitime.

<< Sa Majesté impériale désire que Votre Eminence continue CONCORDAT. TOME II.

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de présenter au Saint-Père toutes les considérations qui peuvent le décider à venir en France, et c'est dans cette vue que je viens d'ajouter de nouveaux développements à celles que j'avais eu l'honneur de vous adresser.

<< Agréez, etc. »

Ch.-Maur. TALLEYRAND.

CHAPITRE CINQUIÈME.

Nouvelles difficultés.

Projet de séparer la cérémonie du sacre de celle du couronnement. Le Pape proteste contre cette séparation. Le cardinal Fesch dissipe ce nouveau et dernier orage. L'empereur d'Allemagne se déclare empereur d'Autriche en rendant la dignité impériale héréditaire dans sa maison, et prie le Pape de vouloir le reconnaitre à l'exemple de Napoléon 1er. Le Pape aussi bien que Napoléon Ier sont très-réjouis de cet événement. Cet événement exerce une grande influence sur la résolution du Pape.

Tout semblait indiquer qu'on marchait à pas ferme et sûr vers le terme tant désiré de la négociation. Les angoisses du Pape s'étaient calmées, ses craintes apaisées. Bien à contretemps, arriva une dépêche du cardinal-légat, qui faillit tout d'un coup détruire toutes ces belles espérances. Caprara y racontait que, pour faciliter au Pape la résolution de venir à Paris, plusieurs personnes sages et influentes, surtout M. de Talleyrand, pensaient qu'on pourrait faire du sacre et du couronnement deux cérémonies, et faire faire la première par le Pape, à l'église métropolitaine de Paris, et l'autre, dans l'église des Invalides, par un cardinal français ou tout autre haut dignitaire de l'Eglise, bien entendu si cela plaisait au Pape. Ce projet alarma beaucoup Pie VII. Consalvi, par son ordre, adressa aussitôt une forte réclamation au cardinal-ministre de France, et lui déclara ouvertement que le Pape n'y consentirait jamais, et que c'était contraire à toutes les déclarations données à ce sujet par l'empereur, par M. de Talleyrand lui-même et par le cardinal-légat. Rien n'était capable de détruire cette sinistre impression, quoique le cardinal Caprara, dans une seconde dépêche contempo

raine, eût remarqué que personne n'avait proposé officiellement cette idée, et qu'elle était venue à M. de Talleyrand, qui l'avait proposée aussitôt sans y attacher d'importance.

« Le Saint-Père, ainsi s'exprime le cardinal Consalvi, dans sa note officielle, remise le 7 Août, au cardinal Fesch, m'a ordonné de faire observer à Votre Eminence, qu'en allant à Paris, il ne pourrait point faire la fonction du sacre, sans faire en même temps celle du couronnement, par les motifs suivants :

<< 1° Toutes les fois que les Papes ont fait une semblable fonction, le couronnement en a été toujours une partie inséparable. En examinant l'histoire de cette fonction solennelle, depuis les temps les plus reculés, surtout depuis Théodose le Grand, on trouve que les Papes ont fait quelquefois sacrer les empereurs et les rois par les mains des évêques, mais on ne trouve jamais qu'ils les aient seulement sacrés sans les avoir couronnés en même temps.

«< 2° Tous les empereurs de France, de même que ceux d'Allemagne, qui ont été sacrés par les Papes, ont été également couronnés par les mêmes, et c'est si vrai, que le Pape Etienne II ne sacra pas seulement Pépin, mais le couronna encore, quoiqu'il eût été déjà couronné à Soissons, par saint Boniface, archevêque de Mayence.

«<3° La pratique constante de l'Eglise, observée par les Papes, dans cette fonction solennelle, prouve l'indivisibilité du sacre et du couronnement.

<< 4° Il suffit d'examiner le cérémonial (le Pontifical) pour reconnaître l'importance qu'ont attachée les empereurs à recevoir des Papes, outre le sacre, encore le couronnement, en considérant dans leur piété et religion, que l'acte de recevoir la couronne des mains du Vicaire du Christ, leur procurait des grâces spirituelles plus grandes pour gouverner avec prudence et justice leurs peuples.

«5° Sa Sainteté fait justement observer qu'aux yeux du

peuple, le couronnement semble être quelque chose de plus auguste encore que le sacre lui-même. Donc, le Pape, s'il allait à Paris uniquement pour faire le sacre, perdrait beaucoup dans sa dignité.

<< 6° Enfin, Sa Sainteté fait remarquer encore que cette séparation de fonctions changerait essentiellement le cérémonial du sacre, que Sa Majesté impériale, comme M. de Talleyrand l'assure dans sa note ministérielle, du 18 Juillet, veut voir exactement suivi dans la cérémonie. Dans le cérémonial, le sacre est intimement lié au couronnement.

« 7° Votre Eminence aura donc l'obligeance de faire connaitre, dans sa sagesse, ces réflexions à Sa Majesté impériale et à son ministre, M. de Talleyrand ».

Le cardinal-légat fut aussi chargé de cette même commission.

Le cardinal Fesch ne fut pas peu surpris d'une semblable réclamation, ne sachant point le fâcheux incident qui avait eu lieu entre M. de Talleyrand et le cardinal Caprara. Il tâcha de dissiper sur-le-champ, le jour même, les sinistres préventions qu'on avait conçues à l'égard d'une prétendue séparation des deux cérémonies, par la note suivante :

Rome, 19 thermidor an XII. (7 Août 1804.)

«En réponse à la note du 7 Août 1804, le cardinal Fesch, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté l'empereur des Français, s'empresse d'assurer Son Eminence Monsieur le cardinal secrétaire d'Etat, que dans les instructions qu'il a reçues au sujet du voyage de Sa Sainteté en France, il n'est nullement question de séparer le Couronnement du sacre; elles ne renferment pas même un seul mot qui puisse faire soupçonner l'existence de ce projet.

<<< Quant à l'assertion de Monsieur le ministre des relations extérieures, rapportée par Son Eminence Monsieur le cardinallégat, si toutefois elle est avérée, elle peut donner à entendre

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