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des victimes. (1) Dans ces mêmes jours M. Fulvius Nobilior, à fon retour de l'Espagne ultérieure, entra dans la ville avec l'honneur du petit triomphe. Il rapporta quinze mille marcs d'argent en maffe, cent trente mille deniers marqués au coin de la Républi que, & cent quatre-vingt-fept marcs & demi d'or, qu'il expofa aux yeux du peuple.

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Le Conful Pub. Cornelius ayant obligé les Boïens à lui donner des ôtages, leur ôta la moitié de leurs terres, afin que le peuple Romain y envoyât des Colonies, s'il le jugeoit à propos; & avant de partir pour Rome, où il ne doutoit pas qu'on ne lui accordât l'honneur du triomphe, il congédia fon armée, avec ordre de s'y trouver le jour où il comptoit d'en faire la cérémonie. Dès le lendemain qu'il fut arrivé, il convoqua le Sénat dans le Temple de Bellone; & après avoir rendu compte Pub. Sel de fes actions, il demanda qu'on lui Pion depermît d'entrer triomphant dans la triomphe, Ville. Mais le Tribun du peuple Pub. tient, malSempronius Blefus s'y oppofa. Car gré l'oppoquoiqu'il avouât que Scipion étoit di- fition d'un gne de cet honneur, il n'étoit pas d'a- Peuple,

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(1) Au Chap. 21 de ce même Livre, Tite-Live lost qu'on rapporte ce fait prefque mot à mot; en forte qu'on ne le lui diffe peut attribuer cette répétition qu'à l'oubli de l'Auteur, rât.

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vis qu'on le lui accordât fur le champ.
Il alléguoit pour raifon que les Ligu-
riens s'étoient toujours unis aux Gau-
lois pour faire la guerre aux Ro-
mains, & que ces deux Nations voi-
fines l'une de l'autre, ne manque-
roient jamais de fe fecourir récipro-
,, quement. Que fi Pub. Scipion, après
avoir vaincu les Boiens, eût ou paffé
lui-même dans la Ligurie avec fon
armée victorieufe, ou envoyé une
,, partie de fes troupes à Minucius qui
y faifoit la guerre depuis trois ans
fans pouvoir la terminer, les Ligu-
riens auroient pu être tout-à-fait fou-
mis. Mais que pour rendre la céré-
monie de fon triomphe plus pom-
peufe & plus célebre, il avoit ramené à
Rome des Soldats qui pouvoient ren-
dre de grands fervices à la Républi
», que dans la Province; & qui étoient
,, encore en état de le faire, fi le Sénat,
,, en remettant le triomphe de Scipion

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à un autre temps, les obligeoit à ré,, parer la faute qu'ils avoient faite par trop d'empreffement. Qu'il falloit renvoyer fur les lieux le Conful & fes légions, afin qu'ils achevaffent de domter les Liguriens. Car fi on ,, ne les forçoit à fe foumettre abfolu,, ment à la domination du peuple Ro, main, les Boiens ne fe tiendroient

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pas long-temps en repos. Qu'après » qu'on auroit réduit les Liguriens, le ›› Proconful Pub. Cornelius, quelques >> mois plus tard, triompheroit à l'exem» ple de plufieurs autres, qui n'avoient ,, obtenu cette récompenfe qu'après ›› leur Magiftrature.

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Le Conful répondit que le fort ne lui avoit pas donné la Ligurie pour Province, qu'il n'avoit point fait la ,, guerre contre les peuples de cette contrée, & que ce n'étoit pas d'eux ,, qu'il demandoit à triompher. Qu'il étoit bien perfuadé qu'avant qu'il fûr ,, peu, Q. Minucius acheveroit de les domter, & obtiendroit à fon retour le triomphe qu'il auroit mérité dans cette expédition. Que pour lui ,, il demandoit qu'on lui accordât cet honneur, pour avoir combattu les ,, Boïens, les avoir vaincus en bataille rangée, avoir pris leur camp, & forcé deux jours après toute la Nation à se ,, rendre, & à lui donner des ôtages & ., des garants de la fidélité qu'elle juroit ,, au peuple Romain. Mais que ce qui », méritoit encore une confidération ,, particuliere, c'eft qu'il avoit plus

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tué de Gaulois dans cette occafion, ,, qu'aucun Général avant lui n'en avoit combattu; puifque de cinquante mille hommes, il en étoit reflé plus

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de la moitié fur le champ de bataille; ,, que plufieurs milliers avoient été faits prifonniers, & qu'il ne reftoit aux Boïens que les vieillards & les enfants. Devoit-on s'étonner que l'armée victorieufe ne trouvant plus d'ennemis dans la Province, fût re,, venue à Rome pour y honorer le triomphe de fon Général? Et quand le Sénat voudroit employer ces Soldats dans une autre Province, pouvoit-on croire qu'ils s'expoferoient avec moins de zele à de nouveaux périls & à de nouvelles fatigues après avoir reçu, fans délai, le prix de leurs premiers fervices, que fi on les renvoyoit fans récompenfe & fans honneur, avec des espérances qui auroient déja été trompées une fois? Que quant à ce qui le regardoit perfonnellement,il avoit acquis affez de gloire pour illuftrer toute fa vie, le jour que le Sénat l'avoit honoré de la commiffion de recevoir la Mere Idée,en le déclarant le plus honnêtehomme qu'il y eût dans la Républi,, que? Que ce feul titre, quand on n'y ajouteroit pas celui de Conful & de triomphateur, fuffifoit pour rendre le nom de Pub. Scipion Nafica refpectable à toute la postérité.,, Des remontrances fi raifonnables, non-feu

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lement mirent tous les Sénateurs dans fes intérêts, mais les engagerent même à faire défifter le Tribun de fon oppofition. Ainfile Conful Cornelius triompha des Boïens, & fit paffer fous les yeux des Citoyens, des armes, des enfeignes & des dépouilles de toute efpece portées fur les chariots mêmes des Gaulois, fans parler d'une grande quantité de vafes de cuivre à l'ufage de ces peuples. On y compta jufqu'à quatorze cent foixante & dix colliers d'or, trois cent foixante-fept marcs & demi d'or, trois mille cinq cent dix marcs d'argent, tant en maffe, qu'en vaiffelle travaillée affez délicatement, contre la coutume de cette Nation; & deux cent trente mille deniers d'argent marqués (1) aux armes de la République. De plus le char de Scipion étoit précédé d'un grand nombre de prifonniers illuftres & de chevaux qu'on avoit enlevés aux vaincus. Ce Général diftribua à chacun des Soldats qui marchoient à fa fuite, trois cent vingt-cinq as, (2) le double aux Cen

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(1) Ces armes étofent, comme on a dit, un char attelé de deux chevaux. On peut s'étonner que ces efpeces ayant été prifes fur les Gaulois, elles fuffent marquées au coin de la République.

(2) Si l'As valoit un de nos fols, ce feroit feize livres fols, quelques-uns font cette fomme bien moindre,mettant l'As au-deffous de 12 de nos deniers

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