tir un Temple à la Fortune équestre, & de célébrer des Jeux en l'honneur de Jupiter. Les Celtibériens répandus dans tout le défilé y font égorgés. On dit que dans cette journée il en refta dix-fept mille fur la place, qu'il y en eut plus de trois mille de pris, avec deux cent foixante & dix-fept Enfeignes, & près de onze cents chevaux. L'armée victorieufe ne campa point ce jour-là. Ce triomphe coûta quelques foldats. Il périt quatre cent foixante & douze citoyens, mille dixneuf alliés du nom Latin, & trois mille hommes de troupes auxiliaires. Les Légions triomphantes, après avoir ainfi renouvellé leur premiere gloire, furent conduites à Tarragone. Le Préteur Ti. Sempronius, qui s'y étoit rendu deux jours auparavant, vint au-devant de Fulvius, & le félicita des avantages qu'il avoit remportés. Ces deux Généraux s'accorderent parfaitement fur les foldats qu'ils congédieroient, & fur ceux qu'ils retiendroient. Enfuite Fulvius après avoir embarqué les troupes licenciées, partit pour Rome. Sempronius conduifit fes Légions dans la Celtibérie.

L

Expédi

Les deux Confuls marcherent contre les Liguriens, par des côtés différents. tions de Pofthumius avec la premiere & la troi-guric. fieme Légion s'empara des montagnes

de Balifte & de Suifmont ; & leur fer mant les défilés, il leur intercepta les vivres la difette alors les força de fe foumettre. Fulvius avec la feconde & la quatrieme ayant attaqué du côté de Pife les Liguriens Apouans, ceux d'entr'eux qui habitent les bords du fleuve Macra fe rendirent. Il les embarqua au nombre de fept mille, & les tranfporta à Naples, en côtoyant la mer de Tofcane. De-là il les fit paffer dans le Samnium, & leur donna des terres au milieu de leurs compatriotes. A l'égard des Liguriens qui habitent les montagnes, A. Pofthumius fit arracher leurs vignes, brûler leurs moiffons, jufqu'à ce que las de fouffrir toutes les calamités de la guerre, ils fe rendiffent & livraffent leurs armes. Après cette expédition Pofthumius s'embarqua pour visiter les côtes des Liguriens Ingaunes & Intemeliens: Avant que ces Confuls fuffent arrivés à l'armée, qui avoit rendez-vous à Pife, elle étoit commandée par A. Pofthumius & par M. Fulvius Nobilior, frere de Q. Fulvius. Fulvius étoit Tribun militaire de la feconde Légion. Pendant les deux mois qu'il eut le (1) commande

[1] Comme il y avoit fix Tribuns dans chaque Lé gion, & que tous ne pouvoient avoir l'autorité en

ment il licencia la Légion, après savoir fait jurer aux Centurions qu'ils Eremettroient leur folde (1) aux Quef

teurs. Aulus Pofthumius l'ayant ap#pris à Plaisance, où il étoit arrivé par hafard, courut avec un détachement de cavalerie à la pourfuite des foldats qu'on venoit de licencier, il arrêta tous ceux qu'il put joindre: & les ramena à Pife. 11 inftruifit le Conful de tout ce qui s'étoit paffé. A la réquifition de ce Magiftrat, le Sénat, par un Arrêt, rélégua M. Fulvius en Efpagne au-delà de la nouvelle Carthage. Le Conful le chargea de porter une lettre à P. Manlius dans l'Efpagne ultérieure. Les foldats eurent ordre de rejoindre leurs Enfeignes; & pour les punir, on ordonna qu'ils ne toucheroient cette année que fix mois de paye. Il fut enjoint au Conful de vendre la perfonne & les biens de ceux qui ne retourneroient pas à l'armée.

Cette même année L. Duronius qui avoit été Préteur celle d'auparavant, étoit revenu de l'Illyrie à Brindes avec dix vaiffeaux. Les ayant

même temps, il y en avoit deux qui commandoient pendant deux mois de chaque femeftre.

(1) La folde payée d'avance, & qui n'appartenoit pas à des Officiers licenciés avant d'avoir rempli leur temps de fervice.

laiffés dans le port,il fe rendit à Rome, où il expofa fes opérations, & fit entendre clairement: » Que Gentius, Roi » des Illyriens, étoit l'auteur de tous » les brigandages maritimes. Que tous » les vaiffeaux qui avoient pillé les » côtes de la mer fupérieure venoient » de fes Etats. Qu'il avoit envoyé vers »ce Prince pour réclamer, mais qu'on » n'avoit pu parvenir jufqu'à lui. » D'un autre côté, des Ambaffadeurs » de Gentius étoient arrivés à Rome, "pour déclarer qu'au moment où les » Députés Romains font verus à fa » Cour, il étoit refté malade aux ex"trémités de fon Royaume. Qu'il prioit le Sénat de ne pas croire aux » délations controuvées de fes enne"mis. Cependant Duronius ajoutoit que plufieurs citoyens, tant Romains Latins, avoient été maltraités dans fes Etats, & qu'on difoit qu'il tenoit enfermés à Corfou plufieurs citoyens Romains. Le Sénat ordonna qu'ils feroient tous ramenés à Rome; & que le Préteur C. Claudius prendroit connoiffance de toute cette affaire avant qu'on rendît réponse à Mort de Gentius & à fes Ambaffadeurs. Parmi plufieurs un grand nombre de perfonnes que la Augures. pefte venoit d'enlever, on comptoit plufieurs Prêtres, entr'autres le Pon

Prêtres ou

que

tife L. Valerius Flaccus, qui eut pour

,

fucceffeur Q. Fabius Labeon; Pub.Manlius, l'un des Triumvirs (1) Epulons, nouvellement revenu de l'Espagne ultérieure, auquel on fubftitua Q. Fulvius, fils de Marcus : il étoit alors dans une Magiftrature. A l'égard du Roi des facrifices, pour remplacer Cn. Cornelius Dolabella, il y eut un débat entre le grand Pontife Servilius & L. Cornelius Dolabella, Duomvir Naval. Le Pontife vouloit pour le confacrer, qu'il fe démît de fa (2) Magiftrature. Sur le refus qu'il fit d'abdiquer le Pontife le condamna à une amende. Le Duomvir en appella au peuple. Plufieurs Tribuns avoient déja donné leur fuffrage , & lui enjoignoient d'obéir au Pontife moyennant quoi elles le déchargeoient de l'amende ; lorfqu'on entendit un coup de tonnerre qui ne permit pas qu'on achevât de recueillir les voix. Les Pontifes depuis fe firent un fcrupule de confacrer Dolabella; ils choifirent à fa place Pub. Clelius Siculus. Sur la fin de l'année mourut auffi C. Servilius Geminus, grand Pontife, & en même temps Décemvir des facrifices.

[1] Voyez le trente-troisieme Livre.

[2 Le Roi des facrilices ne pouvoit exercer au sune charge..