Obrazy na stronie
PDF
ePub

:

Les Liguriens envoyerent des Dépu tés à diverfes reprifes, pour fupplier qu'on ne les forçât point d'abandonner leurs Pénates, les lieux qui les avoient vu naître & les fépulcres de leurs ancêtres ils offroient au furplus de livrer leurs armes, & de donner des ôtages. Mais trouvant les Proconfuls inexorables, & ne fe fentant pas affez forts pour foutenir la guerre, ils fe déterminerent à obéir. Ils furent donc tranfplantés aux dépens de la République ils étoient environ quarante mille hommes de condition libre, avec leurs femmes & leurs enfants. On leur donna (1) cent cinquante mille deniers, pour acheter les chofes dont ils auroient befoin dans leur nouvel établiffement. Cornelius & Bebius qui avoient été chargés de la tranfplantation de ce peuple, le furent auffi de la diftribution du terrein qu'on lui affignoit. Mais à leur réquifition le Sénat voya des Quinquevirs pour agir de Triomphe concert avec eux. Cette affaire étant terminée, ils ramenerent à Rome l'anpremiere cienne armée, & obtinrent l'honneur

accorlé

pour la

fois à des

Généraux

en

[1] Cette fomme n'eft pas clairement exprimée qui n'ont dans le texte. Nous avons pris le fens qui a paru le point fait plus vraisemblable, Cent cinquante mille deniers font la guerre, autour de foixante & quinze mille livres de notre

monnoic.

[ocr errors]

du triomphe Ils furent les premiers qui triompherent fans avoir fait la guerre. Is firent feulement conduire quelques-uns des ennemis devant leur char. Car ils n'avoient aucunes dépouilles à étaler aux yeux des fpectateurs ni aucunes gratifications à faire aux foldats.

Cette même année, en Espagne, le Propréteur Fulvius Flaccus voyant que fon fucceffeur tardoit à venir le relever, tira fon armée des quartiers d'hiver, & alla ravager les terres les plus reculées des Celtibériens, dont les habitants ne s'étoient pas encore rendus. Mais par cette démarche il irrita plutôt ces barbares qu'il ne les effraya car ayant fecrétement levé des troupes, ils allerent fe mettre en embufcade dans le défilé de Manlius par où ils favoient que l'armée Romaine devoit paffer. Lorfque Pofthumius Albinus étoit en marche pour fe rendre dans l'Espagne ultérieure, Gracchus fon collegue le chargea d'ordonner de fa part à Q. Fulvius d'amener l'armée à Tarragone: c'étoit - là qu'il vouloit licencier les vétérans diftribuer les nouvelles recrues, & procéder à la compofition de toute l'a mée. On marqua en même temps à Flaccus le jour que fon fucceffeur devoit arriver; & ce jour n'étoit pas

éloigné. Cette nouvelle obligea Flaccus d'abandonner ce qu'il avoit commencé, & de tirer au plus vite fes troupes de la Celtibérie. Les barbares qui ignoroient la caufe d'une retraite fi précipitée, s'imaginerent qu'il étoit inftruit de l'embufcade fecréte qu'on lui préparoit, & qu'il avoit peur. Fiers de cette crainte prétendue, ils s'emparerent du paffage. Et dès qu'à la pointe du jour les Romains furent entrés dans le défilé, tout d'un coup ils les chargerent par deux endroits en même temps. Flaccus fe voyant furpris appaifa le premier défordre en ordonnant aux foldats par l'organe des Centurions de s'arrêter tout court, & de préparer leurs armes ; & ayant fait mettre tous les bagages en un feul endroit, il rangea lui-même, fecondé de fes Lieutenants & des Tribuns, toutes les troupes en bataille, autant bien que le temps & le lieu le permirent, fans faire paroître aucun embarras ; il les avertit ; qu'elles alloient combattre un ennemi qui avoit déja été forcé de fe rendre. "Que ces barbares en étoient plus » perfides & plus criminels, fans avoir » ni plus de valeur, ni plus de con» fiance. Que cette témérité ne ferviroit qu'à illuftrer le retour des Lé»gions dans leur patrie où autre.

[ocr errors]

> mentelles feroient rentrées fans hon-
» neur & fans gloire : qu'il ne tenoit
» qu'à elles de reporter à Rome leurs
glaives fumants du carnage des re-
» belles, & d'en préfenter les dépouil-
» les fanglantes, pour mériter le triom-
» phe. » Il n'eut pas le temps d'en dire
davantage. Les ennemis chargeoient,
& le combat étoit déja engagé aux ex-
trêmités: bientôt l'action devint géné-
rale.

Flaccus

Celtibé

lui avoient

On fe battoit par-tout avec acharnement, mais avec un fuccès divers. Les (1) Légions faifoient merveille, & les deux aîles ne leur cédoient défait les point en courage. Quant aux troupes riens dans étrangeres, elles étoient preffées vi-1'embufvement par des foldats pareillement cade mêarmés, mais qui les furpaffoient en me qu'ils valeur; & elles fe trouvoient hors dreflée. d'état de tenir ferme. Dès que les Celtibériens s'apperçurent qu'ils ne pouvoient, en les combattant de front , percer les Légions Romaines, ils formerent le coin. Cette manœuvre leur donne tant d'avantage qu'en quelque endroit qu'ils chargent, il n'eft pas poffible de foutenir leur choc.. Alors ils mirent auffi quelque défor

[1] On diftingue ici clairement trois efpeces de troupes, les Légions ou les citoyens Romains, les ailes, ou les Latins alliés., & les auxiliaires étrangers, ou les Zfpagnols..

[ocr errors]

dre parmi les Légions ; & peu s'en fallut qu'ils n'ouvriffent le corps de bataille. A cette vue Flaccus pouffant fon cheval vers les cavaliers Légionnaires: Si vous ne foutenez l'infanterie, dit-il, c'en eft fait de cette armée. Et comme ils lui eurent répondu tous d'une voix qu'il n'avoit qu'à commander, & que fur le champ il feroit obéi; Doublez vos rangs, répliqua-til, cavaliers des deux Légions, & fondez fur ce bataillon, dont la pointe preffe notre infanterie. Afin de charger avec plus de force, débridez vos chevaux & pouffez - les vivement. L'histoire rapporre qu'il eft fouvent arrivé aux cavaliers Romains d'en ufer ainfi avec fuccès. Ils obéirent:auffi-tôt ôtant les brides à leurs chevaux, ils enfoncent les ennemis, brisent toutes les lances, reviennent fur leurs pas avec la même impétuofité, & font un grand carnage. Les Celtibériens voyant le mauvais fuccès de la ma nœuvre qui avoit fait toute leur efpérance, fongeoient déja à prendre la fuite, lorfque la cavalerie des alliés, animée par l'exemple des cavaliers Romains, fe jeta auffi fur les ennemis déja totalement renversés. Alors les Celtibériens s'enfuirent tous avec précipitation. Le Général Romain voyant leur déroute,fit vœu de bâ

« PoprzedniaDalej »