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»vation confirmée par l'expérience: » pour peu qu'on fache foutenirį la »premiere fougue de ces guerriers » impétueux que précipite un empor»tement aveugle, bientôt des Aots » de fueur les inondent, ils font hors » d'haleine, & les armes leur tombent » des mains leurs ames auffi flafques » que leurs corps, n'ont plus de reffort, » quand la fureur eft éteinte; le foleil, » la pouffiere & la foif, fans le fecours » du fer, fuffifent pour les abattre. Et » ce n'eft pas feulement dans des af"faires générales de Légions contre » Légions que nous avons éprouvé » leurs forces, mais dans des combats » finguliers d'homme à homme. T. » Manlius & M. Valerius ont fait con»noître combien la valeur Romaine » l'emportoit fur la frénéfie (1) Gau

loife. M. Manlius feul a renversé une » troupe de ces barbares près d'en»trer dans le Capitole ? Et cependant » nos ancêtres avoient alors affaire à » de véritables Gaulois, nés & élevés » dans leur propre pays: au lieu que » ceux que nous avons à combattre » ont entierement dégénéré : c'est un » mélange de Grecs & de Gaulois » comme leur nom le porte. Il en eft

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[1] Les Italiens appellent encore aujourd'hui le courage impétueux qui caractérise les defcendants des Gaulois, la furia francèse.

» d'eux comme des plantes & des ani» maux: quelque excellente qu'en foit » l'efpece, l'influence du climat peut » toujours l'altérer. Les Macédoniens » qui ont fondé Alexandrie dans l'E"gypte, Babylonie, Seleucie & tant » d'autres Colonies en diverfes parties » de l'Univers, font devenus des Sy» riens, des Parthes & des Egyptiens: » Marseille entourée de Gaulois a » contracté les vices de fes voifins. "Que reste-t-il aux Tarentins des » mœurs dures & aufteres des Spar» tiates? Les êtres animés quelconques »valent mieux dans leur fol natal : la » transplantation les énerve ; ils pren» nent le caractère des éléments qui » concourent à leur nutrition. Vos en» nemis ne font donc que des Phry»giens chargés d'armes Gauloifes; » vous les avez battus quand ils fai

foient partie des troupes d'Antio »chus, vous les battrez à plus forte » raison aujourd'hui : des vaincus tien» dront-ils devant leurs vainqueurs ? » Je ne crains pas que ces ennemis nous » caufent beaucoup d'embarras; je » tremble au contraire que leur défaite » facile ne nous procure qu'une foible » gloire. Combien de fois Attale les » a-t-il battus & mis en fuite? Les bêtes » féroces nouvellement prifes, gardent » d'abord leur naturel fauvage; enfuite

»elles s'apprivoifent avec la main » qui les nourrit depuis long-temps; » comptez qu'il en eft de même des » hommes: leur caractère farouche » s'émouffe infenfiblement. Croyez"vous que les Gallo- Grecs reffem»blent à leurs peres & à leurs aïeux ? » Obligés de s'exiler de leur patrie où » ils ne pouvoient fubfifter faute de >> terres, ils ont traversé les côtes » âpres & incultes de l'Illyrie; de là » ils ont gagné la Péonie & la Thrace, "en combattant les Nations guerrieres » qui leur difputoient le paffage ; & » enfin ils fe font emparés du pays qu'ils » habitent aujourd'hui. A la mifere af» freufe qui les avoit endurcis

fuccédé dans cette région toutes les » commodités de l'abondance. Mais la » fertilité du fol, la beauté du ciel, la » douceur des habitants, ont peu à » peu amolli cette âpreté qu'ils avoient

en arrivant. Oui, braves enfans de » Mars, vous devez fuir au plûtôt les » délices de l'Afie; le luxe de ces peu»ples peut abâtardir les plus mâles cou»rages; la contagion de leurs mœurs » efféminées deviendroit fatale à la » févérité de notre difcipline. Ce qu'il » y a d'avantageux pour vous, c'eft » qu'encore que les Gallo-Grecs ne "foient pas capables de vous réfifter, »ils confervent pourtant chez les Grecs

» toute la réputation de leurs peres : » & la victoire que vous remporterez »fur eux vous fera autant d'honneur » dans l'efprit de vos alliés, que fi vous » triomphiez de ces anciens Gaulois » vraiment dignes de ce nom ». Manlius Après ce difcours, Manlius envoya entredans des Ambaffadeurs à Epoffognat un des

laGalatie.

Rois de cette contrée, qui feul étoit demeuré uni avec Eumenes, & avoit refufé de fecourir Antiochus ; enfuite le Conful fe mit en marche. Le premier jour il arriva près de la riviere d'Alandre, & le lendemain au bourg appellé Tyfcon. Il y étoit encore lorfque les Députés des Oroandes vinrent le trouver pour traiter avec lui; comme il exigeoit deux cents talents, ceux-ci demanderent la permiffion d'aller prendre de nouvelles inftructions, & cette demande leur fut accordée. Le Conful conduifit delà fon armée à Plitandre, d'où il alla camper fur les terres des Alyattes. Ce fut là que le trouverent à leur retour les Ambaffadeurs envoyés vers Epoffognat. Ils étoient accompagnés des Députés de ce Prince, qui venoient le prier de fa part de ne point attaquer les Toliftoboiens, l'affurant qu'Epoffognat iroit lui-même trouver ce peuple, & lui perfuaderoit de fe foumettre. Manlius y confentit, &z entra delà avec fon armée dans le pays

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qu'on nomme (1) Axyle. Non-feulement il ne produit point d'arbres, mais pas même d'épines, ni aucune autre matiere pour faire du feu. Les habitants fe fervent de fumier de bœuf au lieu de bois. Pendant que les Romains étoient campés près d'un fort de la Gallo-Grece appellé Cuballe, la cavalerie des ennemis vint tout d'un coup fondre fur eux avec un grand fracas. Ils culbuterent les poftes avancés, & tuerent même quelques foldats. Mais l'alarme ayant été portée dans le camp, la cavalerie Romaine en fortit par toutes les portes, mit les Gaulois en fuite, & en tua un affez grand nombre. Dèslors le Conful voyant qu'il étoit fur les terres des ennemis, commença à se tenir davantage fur fes gardes; il ne marchoit qu'en bon ordre & après avoir envoyé reconnoître le pays. Il arriva fans s'arrêter fur les bords du fleuve Sangarius, & ne trouvant point de gué pour le paffer, il réfolut d'y jeter un pont. Ce fleuve prend fa fource dans le Mont Ador, & après avoir traversé la Phrygie, entre dans la Bithynie où il reçoit le Thymbert; groffi du double par cette jonction, il va au fortir de la Bithynie fe décharger dans la mer

[1] De l'Alpha privatif de ¿uxor lignum, c'est-à-dire, qui ne produit point de bois.

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