Obrazy na stronie
PDF
ePub

étoient fort partagés à leur occafion.
Les uns vouloient qu'on entamât cette
affaire fans attendre; les autres, voyant
l'hiver bien avancé, la remettoient au
commencement du printemps. Quel-
ques-uns étoient d'avis qu'on fe con-
tentât de leur envoyer des Ambaffa-
deurs ; d'autres enfin foutenoient qu'il

falloit marcher contre eux avec toutes
les troupes
& les faire entrer dans la
ligue de gré ou de force.

[ocr errors]

fur le mê

Comme on ne convenoit pas du parti qu'il falloit prendre, Annibal qu'on pria de dire fon avis particulier, fit un discours, pour ramener le Roi & tous ceux du Confeil, au fyftême général de la guerre. » Si depuis que nous fommes Difcours "paffés dans la Grece, dit-il, on m'a- d'Annibal » voit confulté, quand il a été queftion me fujet. » de l'Eubée, des Achéens, & de la » Béotie, je vous aurois donné le mê» me confeil à l'égard de ces Peuples » que je vais vous donner aujourd'hui à l'égard des Theffaliens : c'eft, qu'a» vant toutes chofes, il faut, à quel"ques conditions que ce foit, attirer "Philippe & les Macédoniens dans "notre parti. Car pour les peuples de "l'Eubée, de la Béotie & de la Theffalie, peut-on douter, que foibles "comme ils font, & toujours prêts à »flatter ceux qui font présents, la

"

» même timidité qu'ils font paroître » dans les délibérations ne les porte à » demander grace aux Romains, & à. »fe foumettre, comme à l'ordinaire, » dès qu'ils verront leur armée dans la » Grece; les Romains ne leur feront ❞ point un crime de n'avoir point at» tendu de leur part un fecours trop

éloigné, & d'avoir cédé à vos for» ces qui étoient préfentes. Combien "eft-il donc plus avantageux pour nous, d'engager Philippe dans notre alliance, puifque ce Prince,après s'ê» tre une fois déclaré, ne pourra plus » reculer; d'ailleurs il amenera avec » lui des forces, qu'on ne pourra pas. » regarder comme un foible acceffoire, mais qui ont été capables de foutenir elles feules toute la puiffance des Romains. Je ne prétends cho,, quer perfonne; mais j'ofe dire qu'avec un pareil Allié, le fuccès de la ,, guerre eft indubitable; fur-tout de,, puis que je vois marcher contre les Romains ces mêmes Soldats qui leur ,, ont fait vaincre Philippe. Les Etoliens qui ont vaincu Philippe, comme tout le monde en convient combattront pour lui contre les Romains; & nous aurons pour nous Amynander & les Athamaniens, qui, ,, après les Etoliens, ont le plus con

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

5, tribué à la défaite de Philippe. Ce Prince foutenoit alors feul tout le ,, poids de la guerre, tandis que vous étiez tranquille dans vos Etats. Aulieu qu'aujourd'hui les deux plus ,, grands Rois de l'univers, avec toutes les forces de l'Afie & de l'Euro,, pe, combattront contre un feul Peu,, ple, qui du temps de nos peres étoit à peine en état de tenir tête au feul Roi d'Epire: & vous favez ce que c'étoit que la puiffance de Pyrrhus ,, comparée à la vôtre. Car je ne parle point des divers fuccès de la guerre ,, que je leur ai faite moi-même fi long» temps: vous les connoiffez. Mais qui ,, me répondra que Philippe foit d'hu,,meur à entrer dans notre ligue? Deux chofes premierement, fon intérêt ,, qu'il ne peut féparer des nôtres. Ce motifeft le lien le plus ferme des fociétés & des alliances. Secondement ,, Vos affurances, Etoliens, car Thoas , votre Ambaffadeur qui eft ici pré,, fent, entre les raifons dont il fe fer,, voit, pour attirer Antiochus en Eu,, rope, lui a protefté fur-tout que Phi"lippe frémiffoit de courroux, & fup,, portoit impatiemment que les Romains, fous l'apparence d'une fauffe paix, lui euffent impofé le joug d'une véritable fervitude. Il peignoit ce

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Prince (1) comme un lion qu'on tient enchaîné, & qui ne cherche ,, qu'à brifer fes fers. Si fes difpofitions fond effectivement telles que vous le

[ocr errors]

prétendez, rompons les liens qui ,, le retiennent, renverfons les barrie,, res qui l'arrêtent, afin qu'il puiffe ,, faire fentir à nos ennemis communs ,, tout le poids d'une colere & d'une indignation qu'il renferme depuis fi ,, long-temps. Que fi nous ne pouvons ,, pas lui perfuader de prendre les ar

[ocr errors]
[ocr errors]

mes avec nous, prenons au moins des précautions pour l'empêcher de s'unir avec nos ennemis. Votre fils Seleucus eft à Lyfimachie. Ordonnezlui de traverfer la Thrace, & d'aller ,, avec fes troupes ravager les confins de la Macédoine. La néceffité de défendre fes propres Etats, ne permettra pas à Philippe de marcher au fecours des Romains. Voilà, Seigneur, ,, ce que je penfe à l'égard de Philippe.

[ocr errors]
[ocr errors]

Je vous ai fait connoître dès le com., mencement quels étoient mes fenti,, ments fur le fyftême général de la ,, guerre. Si j'en avois été cru alors, Les Romains n'apprendroient pas au,, jourd'hui de loin la prise de Chalcis

[ocr errors]

(1) Dans le Livre précédent, au Chap. 18. Alexan dre d'Acarnanie a déjà employé cette comparaison en parlant de Philippe.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

dans l'Eubée, & du Fort de l'Euri,, pe; mais ils verroient de leurs yeux le feu de la guerre allumé dans l'Etrurie, dans la Ligurie, & fur toutes les côtes de la Gaule Cifalpine; & ,, ce qui les effrayeroit encore plus, ils ,, verroient Annibal dans le cœur de l'Italie. Je fuis encore d'avis que vous faffiez venir toutes vos troupes, tant de mer que de terre; que votre flotte foit fuivie d'un grand nombre de ,, barques chargées de vivres. Car quoi,, que nous foyons ici en petit nombre ,, par rapport à la guerre que nous en,,treprenons, nous ne fommes cependant que trop pour le peu de provi.,fions que le pays peut fournir. Quand vous aurez réuni ici toutes vos for,, ces, vous enverrez une partie de vo,, tre flotte à Corfou, afin que de-là elle empêche les Romains de paffer ,. librement la mer. Vous détacherez ,, l'autre fur les côtes de l'Italie qui ,, regardent la Sardaigne & l'Afrique. ,,Vous vous avancerez vous-même juf» ques dans le territoire de Bylline, d'où vous garderez la Grece, mena,,çant continuellement les Romains de paffer en Italie, comme vous » y pafferez en effet, fi la néceffité le demande. Voilà les fentiments d'un homme qui ne fe vante pas de pou

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »