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Antiochus

envoye

Romains.

d'Antiochus, des conditions de paix ;le retardement des Romains faifoit ef- propoferta pérer à ce Député qu'elles feroient ac- paix aux ceptées ; il s'étoit imaginé que l'armée, dès qu'elle auroit mis le pied dans l'Afie, viendroit à la hâte attaquer le camp du Roi. Cependant Heraclides, fuivant les ordres de fon Maître, ne voulut point fe préfenter au Conful qu'il n'eût parlé à Pub. Scipion. Il efpéroit beaucoup d'un tel médiateur : ce héros naturellement généreux, & d'ailleurs raffafié de gloire, paroiffoit plus facile à gagner; le peuple favoit comment il avoit ufé de la victoire en Efpagne & en Afrique: on comptoit encore fur fa tendreffe pour fon fils qui étoit actuellement prifonnier entre les Le fiis de

chez An

mains d'Antiochus. Les Auteurs, par- P Scipion tagés fur cet événement comme fur Prifonnier beaucoup d'autres, ne conviennent ni tiochus. de la maniere dont ce jeune Romain fut pris, ni de l'époque de cette prife. Les uns difent qu'au commencement de la guerre, allant de Chalcis à Orée, les vaiffeaux du Roi l'arrêterent. Les autres rapportent qu'après le paffage des Romains en Afie, ayant été envoyé avec un escadron de Fregellans, pour obferver les ennemis, il rencontra leur cavalerie, & que voulant faire retraite, il tomba de cheval, fut pris

avec deux autres cavaliers, & amené dans le camp d'Antiochus. Ce qu'on peur affurer, c'eft que quand ce Prince eût été en paix avec le peuple Romain, & qu'il eût eu avec les Scipions des liaifons particulieres d'hofpitalité, ce jeune Officier n'auroit pu être traité à fa Cour avec plus de politeffe & plus de distinction. Voilà ce qui engagea l'Ambaffadeur à attendre l'Africain ; & dès ;qu'il fut arrivé dans le camp, il de

manda audience au Conful.

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Ce Général convoqua une affemblée nombreuse, où Héraclides parla en ces termes. «Le peu de fuccès des négociations précédentes, eft une raifon ,, pour moi d'efpérer que celle-ci réuffira heureufement. Car jufqu'ici toute ,, la difficulté a roulé fur les villes de Smyrne, de Lampfaque, d'Alexandrie dans la Troade, & de Lyfima; chie en Europe. Aujourd'hui le Roi ,, a déja cédé Lyfimachie, afin que vous ne puiffiez pas lui reprocher qu'il poffede rien en Europe. Il est prêt à faire l'abandon des villes qu'il tient en,, core en Afie, & celles même que vous voudriez fouftraire à fa domi,, nation, parce qu'elles fe font déclarées pour vous. Enfin il offre encore de payer la moitié des frais de la guer,, re." Telles étoient les conditions

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de paix qu'il propofoit. Dans le rette de fon difcours, il exhortoit les Romains « à fe fouvenir de la viciffitude ,, des chofes humaines, à ufer modéré,, ment de leur profpérité, & à ne point infulter au malheur d'autrui. Qu'ils bornaffent à l'Europe un empire qui n'étoit déja que trop immenfe. Qu'il ,, avoit été plus facile d'acquérir en dé,, tail toutes les parties qui le composent, ,, qu'il ne le feroit de conferver la totalité. Qu'après tout, s'ils vouloient enlever auffi quelque portion de l'Afie, & s'ils déterminoient cette portion fans équivoque, le Roi, pour le bien de la paix & de la concorde, laifferoit leur cupidité triompher de fa modération. » Les Romains trouverent trop minces ces offres qui paroiffoient à l'Ambaffadeur plus que fuffifantes pour obtenir la paix. Car ils prétendoient que « le Roi devoit payer ,, tous les frais d'une guerre qu'il avoit ,, occafionnée ; & retirer fes garnifons ,, non-feulement de l'Eolide & de l'Ionie, mais encore de toutes les villes Grecques de l'Afie, afin que la liberté " de la Grece fût entiere & réelle. Qu'il falloit en conféquence que le Roi bornât fon empire au Mont Taurus, & qu'il abandonnât tout ce qui étoit ,, en deça».

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fadeur

l'Africain

fres très

confidéra

bles.

L'Ambaf- Héraclides trouvant injuftes les cond'Antio- ditions qu'on lui propofoit dans le Conchus tâche feil, réfolut de fonder l'efprit de Pub. de gagner Scipion, comme fon maître le lui avoit par des of- recommandé; avant tout, il l'affura que le Roi lui renverroit fon fils fans rançon: & connoiffant fort mal l'ame de Scipion, & le caractere des Romains, il lui promit une fomme confidérable, (1) & le partage de la couronne, à l'exception du titre de Roi, fi la paix fe faifoit par fon entremife. Quand il eut ceffé de parler; » Je ne fuis point Réponse étonné, répondit Scipion, que vous de Scipion, ne connoiffiez ni les Romains, ni à l'Ambaf- celui vers lequel on vous envoye : vous ne connoiffez pas même, je le vois, la fituation de celui qui vous députe. Il falloit conferver Lyfima,, chie, fi vous vouliez nous difputer l'entrée de la Cherfonnefe; il falloit ,, nous fermer le paffage de l'Hellef,, pont, fi vous aviez deffein de nous » propofer la paix, & de faire valoir

admirable

fadeur.

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(1) Quelques-uns trouvent peu de vraisemblance dans tout ce qui fe paffa entre Héraclides & les Romains. Il leur paroit qu'il y a trop de hauteur dans le procédé des uns, & trop de baffeffe dans celui d'Antiochus. Etoit-il affez abattu pour céder tant de villes & de pays, offrir au peuple Romain des fommes fi confidérables, & à Pub. Scipion en particulier, jufqu'à la moitié de fon Royaume, le tout pour obtenir une. paix qui devoit le couvrir de confusion ?

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,, l'incertitude du fuccès de la guerre. ,, Mais après qu'Antiochus nous a laiffé ,, paffer dans l'Afie, après qu'il s'eft laiffé mettre le frein, & impofer le ,, joug, peut-il efpérer qu'il traitera ,, d'égal à égal avec un peuple dont il ,, ne peut fe difpenfer de recevoir là loi? Quant à moi, le don le plus précieux que je puiffe tenir de la générofité du Roi, c'est la liberté de mon fils. A l'égard des autres biens qu'il m'offre, faffent les Dieux que je » puiffe toujours m'en paffer, ,, cœur du moins ne les défirera jamais. Si Antiochus, pour un bienfait per"" fonnel, n'exige de moi qu'une re,, connoiffance perfonnelle, je lui " prouverai que je ne fuis point in», grat. Mais je veux que l'Etat n'entre ,, pour rien dans nos procédés récipro,, ques. Quant à préfent, tout ce que ,, je puis lui donner, c'eft un confeil ,, falutaire. Allez, dites-lui de ma ,, part qu'il renonce à la guerre, & ne ,, refufe aucune des conditions qu'on ,, lui propofe ». Le Roi ne fut point touché de ces remontrances. Il étoit perfuadé qu'il ne rifquoit rien de faire la guerre, puifqu'on lui impofoit les mêmes loix, que s'il fût déja vaincu. Ainfi fans plus parler de paix, il ne fongea qu'à fe préparer à prendre les armes.

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