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étoit difperfé dans la campagne, où les uns paffoient le temps à jouer & à fe divertir, tandis que les autres cherchoient le frais & l'ombre pour boire & manger, ou pour dormir plus à leur aife. Diophanes ayant obfervé cette manœuvre du haut des murailles de Pergame, ordonna aux fiens de pren dre les armes, & de fe tenir à la porte de la ville prêts à exécuter les ordres qu'il leur donneroit. Pendant ce tempslà il alla trouver Attale, & lui dit qu'il avoit deffein de faire une fortie fur les ennemis. Attale eut affez de peine à y confentir, voyant qu'il alloit avec mille hommes de pied & cent cavaliers, attaquer quatre mille fantaffins & trois cents chevaux. Il fortit cependant, & fe pofta affez près des affié geants, en attendant l'occafion de fondre fur eux avec avantage. Ceux qui étoient dans la ville regardoient l'entreprise de Diophanes comme une démarche plus folle que hardie : & les ennemis après s'être approchés de cette troupe, voyant qu'elle ne remuoit pas, ne rabattirent rien de leur négligence accoutumée, & femocquerent même de cette poignée d'hommes qui ofoient fe montrer. Diophanes tint pendant quelquetempsfes foldats tranquilles, comme s'ils n'étoient fortis de la ville que pour Tome II.

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Le donner en fpectacle. Mais quand il s'apperçut que les Syriens étoient difperfés fans ordre, il partit comme un éclair à la tête de fa cavalerie, après avoir ordonné aux gens de pied de le fuivre promptement & vint fondre avec une impétuofité fans égale, au milieu des cris de tout fon monde, fur les ennemis qui ne s'attendoient à rien moins. Une attaque fi brufque effraya non-feulement les hommes, mais encore les chevaux, qui, rompant leurs licols, augmenterent encore le défordre & la confufion des affiégeants. Il ne leur fut pas même aifé de feller, de brider & de monter ceux que la peur n'avoit pas emportés, les Achéens caufant parmi eux un tumulte qu'on n'eût jamais attendu d'un fi petit nombre. L'infanterie de Diophanes s'étant jetée à fon tour fur les ennemis épars de côté & d'autre, & à moitié endormis, en fit un grand carnage, & mit en déroute ceux qui purent échapper à fes coups. Diophanes les ayant pourfuivis tant qu'il le put fans s'expofer, rentra triomphant dans la ville après avoir fignalé la valeur de la Nation Achéenne, & mérité l'eftime de Tous les habitants de Pergame,tant hommes que femmes, qui avoient vu fon action de leurs murailles.

Le lendemain les troupes de Seleucusfe pofterent à cinq cents pas plus loin de la ville, mais dans un meilleur.ordre, & avec plus de circonfpection. Les Achéens de leur côté parurent à la même heure & au même lieu que la veille. Pendant plufieurs heures, les deux partis fe tinrent l'un & l'autre en refpect, comme s'ils euffent attendu le fignal de l'attaque. Un peu avant le coucher du foleil, comme il étoit temps de rentrer dans le camp, les affiégeants commencerent à lever les enfeignes & à fe former en colonnes de marche plutôt qu'en ordre de bataille. Diophanes ne quitta point fon pofte, tant qu'il fut à portée d'être apperçu d'eux. Ensuite il chargea leur arriere garde avec la même vigueur que le premier jour; les affiégeants furent encore fi déconcertés, qu'ils la laifferent tailler en pieces, fans que perfonne ofât faire volte-face, pour arrêter l'ennemi qui les mena battant jufques aux portes de leur camp, où ils fe retirerent dans une extrême confufion & gardant à peine l'ordre de marche. Cette audace des Achéens força enfin Se-, Seleucus leucus de renoncer au fiege de Per- ge de Ferg game, & d'abandonner le pays. An-game, tiochus ayant appris que les Romains étoient arrivés avec Eumenes pour fe

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leve le fie

courir Adramytte, s'éloigna de cette ville, mais ravagea tout le pays d'alen-' tour. Il prit enfuite de force (1) Perée qui étoit une colonie de Mitylene; puis Cotton, Corylene, Aphrodifie, & Crene, toutes du premier affaut. Dela il s'en retourna à Sardes en paffant par Thyatire. Pour Seleucus, il refta fur les côtes maritimes, d'où il inquiétoit quelques villes, pendant qu'il en raffuroit d'autres. Les Romains, Eumenes & les Rhodiens allerent d'abord à Mitylene, & delà, en rebrouffant chemin, ramenerent la flotte à Elée d'où elle étoit partie. Ils aborderent enfuite dans l'Ifle appellée Bachie, qui commande Phocée où ils avoient deffein d'aller; & après avoir pillé les Temples qu'ils avoient respectés d'abord, & en avoir enlevéles ftatues qui étoient très-belles & en grand nombre dans cette Ifle, ils s'approcherent de la ville même, dans le deffein de lui donner l'affaut. Mais jugeant que fans un fiege en regle, il leur feroit impoffible de l'efcalader l'épée à la main, fur-tout depuis qu'un renfort de trois mille hommes envoyé par Antiochus y étoit entré, ils abandonnerent auffi-tôt ce projet, rame

juge

(1) Le nom de ces villes eft peu connu dans la Géographic.

nerent leurs vaiffeaux dans l'ifle
; &
bornerent toute leur expédition au pil-
lage des terres qui font autour de la
ville.

Alors Eumenes fut renvoyé dans fes Etats afin de préparer au Conful & à font armée toutes les chofes dont il avoit befoin pour paffer l'Hellefpont. La flotte des Romains retourna à Samos avec les vaiffeaux des Rhodiens où elle fe tint à la rade, pour être à portée de s'opposer aux mouvements que Polyxenidas pourroit faire du côté d'Ephefe. Pendant le féjour qu'elle y fit, M. Emilius,frere du Préteur, mourut. Les Rhodiens, après avoir célébré fes funérailles, en partirent avec treize de leurs galeres, une quinquérême de Cos, & une de Cnide, & croiferent auprès de Rhodes, pour empêcher le paffage de la flotte, qu'on difoit être partie de Syrie. Deux jours avant qu'Eudamus vint de Samos avec fa flotte, Pamphilidas qu'on avoit déja envoyé au-devant de cette flotte avec treize vaiffeaux Rhodiens, y joignit encore en paffant quatre galeres qui gardoient la Carie; enfuite il alla faire lever le fiege de Dedale, & de quelques autres petits forts. Les Rho Eudamus eut ordre de fe remettre fur le diens vont champ en mer, après avoir ajouté fix de la flotte navires fans pont à la flotte qu'il avoit de Syric.

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