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cupé tantôt à fecourir les Alliés du Roi, tantôt à ravager les terres de ceux qu'il ne pouvoit attirer dans fon parti, réfolut de paffer fur les confins du Royaume d'Eumenes, tandis que ce Prince, éloigné de fes Etats, attaquoit avec les Romains & les Rhodiens, les villes maritimes de la Lycie. Premierement, il s'approcha d'Elée; puis fans s'arrêter au fiege de cette ville, après avoir ravagé la campagne, il alla attaquer Pergame même, la capitale de tout le Royaume. D'abord Attale fe pofta devant les murailles avec un corps de cavalerie & de foldats armés à la légere & par de fréquentes efcarmouches, il harceloit les ennemis, plutôt qu'il ne les combattoit. Mais l'expérience de quelques jours lui ayant appris qu'il n'étoit en aucune façon capable de leur tenir tête, il fe renferma dans l'enceinte de la ville; & auffi-tôt Seleucus en forma le fiege. A peu près dans le même temps, Antiochus étant parti d'Apamée, campa premierement à Sardes, puis affez près de Seleucus, à la fource du fleuve Caicus, avec une grande armée compofée d'un amas de plufieurs Nations. La partie de fes troupes qui répandoit davantage la terreur & la confternation dans le pays, c'étoient quatre mille Gaulois qu'il avoit pris à

fa folde, & qu'il envoya avec un petit nombre d'autres troupes qu'il leur affocia, ravager au loin le territoire de Pergame. Quand ces nouvelles eur ent été portées à Samos, Eumenes le premier partit pour aller défendre fon pays & vint avec fa flotte à Elée, où ayant trouvé des troupes de cavalerie & d'infanterie prêtes à le fuivre, il vola avec ce Corps au fecours de Pergame, & y arriva avant que les ennemis fe fuffent apperçus de fa marche, & qu'ils euffent fait aucun mouvement pour l'empêcher. Auffi-tôt les efcarmouches recommencerent, fans qu'Eumenes ofât hafarder un combat général. Mais peu de jours après, la flotte Romaine & celle des Rhodiens vinrent de Samos à Elée pour tirer ce Prince d'embarras. En effet, dès qu'Antiochus fut qu'ils avoient débarqué leurs troupes à Elée, & qu'un grand nombre de vaiffeaux s'étoit raffemblé dans ce feul port; apprenant d'ailleurs que le Conful étoit déja arrivé dans la Macédoine, & qu'il fe difpofoit à paffer l'Hellefpont; il crut qu'il ne devoit pas attendre à demander la Faix, qu'il fe vit preffé par mer & par terre, & alla fe camper fur une éminence vis-à-vis d'Elée. Il y laiffa toute fon infanterie,; & étant defcendu avec fa cavalerie qui fe montoit à fix mille

Anticchus

envoye

paix au

Prétcur

qui la lui refufe.

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hommes, dans une plaine fituée fous les murailles mêmes d'Elée, il envoya à Emilius, un miniftre avec le caducée pour annoncer qu'il vouloit traiter de la paix.

Emilius, avant de lui répondre, fit venir Eumenes de Pergame, & tint propofer la avec lui un Confeil où il admit auffi les Rhodiens. Ceux-ci n'étoient pas oppoEmilius, fés à la paix. Mais Eumenes foutint que dans les conjonctures préfentes, les loix de l'honneur & le défaut de pouvoir néceffaire pour conclure, leur défendoient de traiter. « Pouvons-nous honnêtement, dit-il, enfermés comme nous fommes dans les murailles d'une ville où l'on nous tient affiégés, recevoir les conditions qu'on nous impofera? Et après tout, qui les ratifiera, ces conditions, dont nous ferons convenus en l'absence du Conful, fans l'autorité du Sénat ni l'ordre du peuple Romain? Et je vous. ,, prie, Emilius, de me dire ce que ,, vous prétendez faire après que vous ,, aurez conclu cette paix. Retourne,, rez-vous fur le champ en Italie avec ,, votre flotte & votre armée ? ou fi ,, vous attendrez ici que le Conful, let Sénat & le peuple Romain vous ayent fait connoître leurs intentions? fans doute que vous prendrez le dernier

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,, parti. Il s'enfuit donc que vous reftérez en Afie,& que laiffant la guerre ,, pour laquelle on vous a envoyé, vous ,, remenerez vos troupes dans les

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quartiers d'hiver, où elles acheveront de ruiner vos Alliés, obligés de leur fournir des vivres ; & puis nous re,, commencerons tout de nouveau, fi ,, ceux de qui nous dépendons le ju,,gent à propos, une guerre que nous », pouvons, avec la protection des

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Dieux, terminer avant l'hiver, en ,, continuant à la pouffer avec vigueur & fans relâche ». On s'en tint au fentiment d'Eumenes; & on répondit à Antiochus qu'avant l'arrivée du Conful on ne pouvoit écouter aucune propofition. Ce Prince voyant qu'il n'y avoit point de paix à espérer, ravagea tout le pays autour d'Elée & de Pergame; puis y laiffant fon fils Seleucus, exerça les mêmes hoftilités, en chemin faifant, fur les terres d'Adramytte, &. paffa enfuite dans les plaines de Thebes, ville qu'Homere a célébrée dans fon Iliade; fes foldats y trouverent plus de butin que dans aucune contrée de l'Afie. Mais Emilius & Eumenes, ayant fait un grand circuit avec leurs vaiffeaux, vinrent au fécours de la place.

Par hafard dans le même temps mille hommes de pied & cent cavaliers partis

de l'Achaïe fous la conduite de Diophanes, vinrent aborder à Elée, où ils furent reçus, au fortir de leurs vaiffeaux, par des Officiers que leur envoya Attalus, qui les introduifirent dans Pergame pendant la nuit. C'étoient tous foldats vétérans & expérimentés dans la guerre; & celui qui les commandoit étoit éleve de Philopemene, le plus grand Capitaine qu'il y eût alors dans la Grece. Cet Officier ne demanda que deux jours, tant pour faire repofer fes hommes & fes chevaux, que pour reconnoître les ennemis, & favoir dans quels temps & dans quels lieux ils fe montroient & fe retiroient. Les troupes de Seleucus paroiffoient ordinairement au pied de la colline fur laquelle la ville eft fituée. Ainfi ils avoient derriere eux toute la liberté de piller la campagne, perfonne ne fortant de la ville pour lancer des traits même de loin, fur leurs poftes avancés: & depuis que la crainte avoit obligé Attalus & les fiens de fe renfermer dans leurs murailles, le mépris que les Syriens conçurent pour les affiégés, les jera dans la fécurité & la négligence. La plupart ne fe mettoient pas en peine de tenir leurs chevaux fellés & bridés. Il n'en reftoit qu'un petit nombre fous les armes & en ordre : tout le refte

étoit

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