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Se Dio ti lasci, lettor, prender frutto
Di tua lezione, or pensa per te stesso,
Com' io potea tener lo viso asciutto (1).
(Enfer, ch. xx, terc. 7.)

E canterò di quel secondo regno,
Ove l' umano spirito si purga,
E di salire al ciel diventa degno.

Ma qui la morta poesia risurga,
O sante Muse, poi che vostro sono (2).
(Purgatoire, ch. 1, terc. 2-3.)

O anima, che vai, per esser lieta (3) !
(Purgatoire, ch, v, terc. 16.)

Ma s'a voi piace

Cosa ch'io possa, spiriti ben nati,

Voi dite; ed io 'l farò per quella pace,
Che dietro a' passi di sì fatta guida,
Di mondo in mondo cercar mi si face (4).
(Purgatoire, ch. v, terc. 20-21.)

E sono in prima vita,

Ancor che l'altra, si andando, acquisti (5).
(Purgatoire, ch. v, terc. 20.)

E se Dio m'ha in sua grazia richiuso
Tanto, ch'e' vuol ch'io veggia la sua corte
Per modo tutto fuor del modern' uso (6).

(Purgatoire, ch. xvi, terc. 14.)

(1) Si Dieu te laisse, ô lecteur! retirer du fruit de ta lecture, pense par toi-même si mes yeux pouvaient roster secs.

(2) Ainsi je chanterai ce second royaume où l'âme se purifie et devient digne de monter au ciel.

Donc que l'inspiration morte se ranime, ô saintes Muses!

(3) O âme! qui t'en vas pour être un jour heureuse !

(4) Mais si quelque chose vous plaît que je puisse faire, esprits prédestinés, Dites-la, et je l'accomplirai, au nom de cette paix qui m'entraîne sur les traces de ce guide de monde en monde.

(5) Je vis de la première vie, bien que je gagne la seconde en faisant ce voyage.

(6) Et si Dieu m'a admis dans sa grâce, à ce point de vouloir que je voie sa cour par une voie si en dehors de l'usage commun.

Poi ripigliammo nostro cammin santo (1).

(Purgatoire, ch. xx, terc. 48.)

Quinci su vo, per non esser più cieco:
Donna è di sopra, che n' acquista grazia,
Per che 'l mortal pel vostro mondo reco (2).
(Purgatoire, ch. xxvi, terc. 20.)

Tanto giù cadde, che tutti argomenti
Alla salute sua cran già corti,

Fuor che mostrargli le perdute genti.
Per questo visitai l'uscio de' morti;
Ed a colui, che l'ha quassù condotto,
Li prieghi mieì piangendo furon pòrti (3).
(Purgatoire, ch. xxx, terc. 46-47.)

E cosi, figurando'l Paradiso,
Convien saltar lo sagrato poema (3).

(Paradis, ch. xx. terc, 21.)

Il poema sacro,

Al quale ha posto mano e cielo e terra (5).
(Paradis, ch. xxv, terc. 1.)

D'après ces textes significatifs, la Divine Comédie n'est pas seulement une œuvre purement littéraire ou une satire politique elle est encore et surtout une vaste épopée religieuse, où Dieu et l'homme, la nature et la grâce, le ciel et la terre ne se séparent jamais; c'est une puissante synthèse de tous les dogmes vénérables dont l'origine remonte à la révélatiòn primitive; c'est, en un mot, l'encyclopédie du treizième

(1) Ensuite nous reprîmes notre saint voyage.

(2) Je vais là-haut, afin de n'être plus aveugle; au-dessus de nous est une femme qui nous procure cette grâce; voilà pourquoi je traîne ce corps mortel dans votre monde.

(3) Il tomba si bas, que tous mes moyens étaient déjà sans effet pour son salut, si je ne lui montrais les races damnées.

Pour ce, j'ai visité le seuil des morts, et mes prières et mes pleurs furent portés à celui qui l'a conduit ici-haut.

(4) Et ainsi, en représentant le Paradis, le poème sacré doit sauter par dessus ce qu'on ne peut décrire.

(5) Le poème sacré auquel ont mis la main et le ciel et la terre.

siècle, encyclopédie éminemment catholique, où sont contenues toutes les traditions divines et humaines qui furent pendant quarante siècles le noble aliment des intelligences d'élite, et qui, sous la plume enchanteresse d'Alighieri, viennent tour à tour servir au triomphe de la vraie religion, de la vraie foi et de la vraie civilisation.

A Dante donc appartient la gloire d'avoir arrêté les dangereux écarts de la poésie volage et légère du moyen-âge, la gloire de l'avoir convertie et transformée par l'intervention de la pensée chrétienne, sans nuire à son énergie naissante.

A Dante, l'honneur incontestable d'avoir ramené aux autels du vrai Dieu, avec la poésie de son temps, toute celle de l'antiquité, patiemment recueillie dans les trésors de sa vaste mémoire (1).

La poésie jusque-là n'avait guère demandé ses éléments de vie qu'à la nature et à la société. C'est là qu'elle plaçait son théâtre, c'est là qu'elle trouvait ses types: l'une lui présentait toutes les beautés comme toutes les horreurs ; l'autre, tous les vices comme toutes les vertus. Si parfois le poète échappait aux réalités extérieures pour, s'élancer dans un monde supérieur, s'il laissait le présent pour plonger dans l'avenir, s'il dépassait les limites du temps pour franchir le seuil de l'éternité, ce n'était jamais qu'une rapide excursion par rapport au plan total de son voyage poétique. Aéronaute effrayé, après avoir un instant respiré cet air rare et subtil de là-haut, il rentrait promptement dans l'épaisse atmosphère de la matière, au milieu des phénomènes connus, au sein des passions de la terre. Mais voici Dante qui arrive au moment où les siècles de foi vont finir, et, doué d'un audacieux génie, il se fraye des routes nouvelles en transportant tout à coup sa scène, ses héros, son action dans les régions invisibles et inexplorées que la foi nous montre par

(1) L'abbé BAREILLE, préface de la Vie de saint Thomas d'Aquin,

delà le tombeau. Après avoir rendu aux créatures leur destination primitive, il en fait les ministres de la justice, de la miséricorde et de la bonté du Créateur; il aborde pleinement tous les problèmes de la destinée humaine; il sonde les dernières profondeurs du vice, tous les secrets de la réhabilitation, toutes les joies de l'innocence. Pour mieux peindre l'humanité, il choisit admirablement son point de vue: il se transporte dans ce séjour où, tout étant remis à sa place, le crime fait une alliance éternelle avec la douleur, la faiblesse embrasse l'espérance, la vertu se confond avec l'immuable félicité. Le poète s'ouvre ainsi des espaces incommensurables qui s'étendent du fond de la Géhenne où croupit l'éternel désespoir jusqu'à ces sublimes hauteurs où résident la lumière essentielle et l'amour incréé. Tour à tour sombre et terrible comme les remords d'une conscience coupable, triste et plaintive comme les soupirs de la pénitence, gracieuse et suave comme l'harmonie des sphères célestes, comme la vision béatifique de l'éternelle beauté, la divine. épopée de Dante retrace tous les aspects de l'univers, toutes les phases de l'humanité; et, sur cette route sublime qui conduit l'homme à Dieu, le poète présente successivement les deux créations (celle de la nature et celle de la grâce), qui s'unissent et se donnent la main pour coopérer à la réhabilitation de l'humanité déchue.

Notre travail a précisément pour but de faire ressortir ce côté moral et profondément chrétien de la Divine Comédie, véritable chef-d'œuvre d'ascétisme destiné à nous retracer le mouvement rationnel de la créature vers Dieu.

Traiter un pareil sujet, avec toute l'application qu'il comporte, sera peut-être chose utile à la génération actuelle, qui a de très fausses idées sur Dante et ses vraies doctrines. Ce sera aussi rendre au poète florentin la place d'honneur qu'il mérite parmi les plus grands théologiens et les plus profonds penseurs du treizième siècle. Raphaël, qui méditait sans cesse la divine épopée d'Alighieri, avait entrevu les

précieux trésors de science sacrée qu'elle rénferme, et voilà pourquoi, dans les ravissantes fresques du Vatican, il n'a pas manqué de donner à Dante un rang distingué parmi les plus grands docteurs de l'Eglise catholique (1).

Avant d'aborder pleinement l'étude des trois parties qui composent la Divine Comédie, il est indispensable de rappeler succinctement les principales phases de la vie de Dante, et d'esquisser en traits rapides la vraie physionomie de ce treizième siècle, qui exerça une si heureuse influence sur son mâle génie.

(1) La Divine Comédie est tellement une œuvre de foi et de haute philosophie chrétienne, qu'avant de monter à l'échafaud, le roi martyr a voulu la lire et n'a pas craint de faire demander à la Libraire Nationale la traduction de Grangier, dédiée à Henri IV, son aïeul. On a trouvé à la page 624 du Paradis la bande d'un journal de l'époque, qui portait le nom du citoyen Tronchet. C'est sans doute là que l'infortuné descendant de saint Louis, appelé par les bourreaux de la Commune de Paris, a fini sa lecture, pour dire avec un calme héroïque :« Les voilà qui approchent ! » (DE FALLOUX, Vie de Louis XVI.) C'est ainsi que, sur le seuil de l'éternité et dans l'attente d'une vie meilleure, l'illustre et saint prisonnier calmait les grandes douleurs de son âme dans la méditation de ce livre qui l'initiait aux mystères d'un monde futur où le crime et la vertu seront à leur vraie place.

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